« Arrêtez le monde, je veux descendre.» La guerre, longtemps, a fait rage. Ce n'était pas une guerre comme les autres, celle-ci était cruelle, meurtrière, et le pire, malgré cet amoncellement de cadavres tombés au nom d'idéaux à défendre, c'est qu'ils s'en foutaient. Plus jamais, jura-t-on, plus jamais il n'y aura de morts, au nom d'une querelle intestine qui durait déjà depuis plusieurs siècles. Le traumatisme était trop grand, les images marquaient l'esprit des vétérans comme des simples citoyens. Ils ont tous perdu un ami, un frère, un père, ou encore un oncle. Du côté des victimes, il y a le même hécatombe à constater: on crie le nom d'une soeur, on pleure une épouse. Les derniers survivants gémissent pour sombrer, dans un coma sans fin, celui qui signe la fin de leur vie. Trente ans plus tard, il n'est plus temps de compter les morts, il s'agit de reconstruire un monde qui a payé un lourd tribut. Nous sommes en 1977, et nous commémorons toujours ce drame, avec la même émotion, que nous l'ayons vécue ou non. Si d'un côté ils triomphaient, buvant à satiété à leur victoire pas forcément méritée, les autres étaient exsangues, au bord de l'implosion, sans rien ni personne à quoi se rattacher, ils étaient simplement démunis. Ainsi se solda la tragique rencontre entre deux clans, les Moldus, ces personnes sans pouvoirs magiques, êtres vils, intolérants et assoiffés de pouvoir, et les Sorciers, leurs ennemis de toujours. Plus que d'essuyer les horreurs de cette guerre longue et éprouvante, ils ont été humiliés, puis rabaissés aux rangs d'esclaves: voici la seconde génération d'entre eux, privés de tout, de leur essence-même.

« A compter de ce jour, tout sorcier se verra interdit de pratique magique. A cet effet, tous manuels, et autres artefacts servant à leur art occulte seront confisqués, puis détruits. Ils sont dangereux, ils ne méritent pas notre confiance. Avec de tels individus, animés par le désir de vengeance, il faut s'attendre à tout. S'ils n'attaquent pas à l'aide de leur baguette, alors ils attaqueront au couteau. C'est le prix de leur défaite. » -Extrait d'un message de propagande Moldue-

« Ayez des idées » Mai 68. France. Paris. Barricades. Quartier Latin. Révolution. Dans cette société capitaliste, d'inspiration américaine, la jeunesse suffoque, craignant n'avoir aucun avenir. Il n'en fallait pas plus pour déclencher ce mouvement de révolte, qui toucha la capitale française, d'abord chez les étudiants, instigateurs du mouvement, puis les ouvriers, qui se sentaient lésés. Plus qu'un mouvement de contestation politique, plus qu'un mouvement prônant le progrès social, il s'agissait d'un véritable mouvement de reniement des valeurs, lesquelles semblaient alors désuètes. L'autorité était vivement critiquée, la liberté revendiquée. La Révolution était le maître mot, que le pouvoir actuel abdique était le principal objectif. Désemparé, le gouvernement français peinait à gérer la crise, la répression n'étant alors plus efficace. Ce sont même ces évènements qui précipitèrent le gouvernement alors en place à sa démission. Des étudiants, de l'autre côté de la Manche, eurent vent de ces évènements, et s'en inspirèrent directement pour fonder leur propre mouvement contestataire, profitant du chaos encore ambiant pour mieux se faire entendre. C'est par le bouche à oreille que le mouvement prit de l'ampleur en Grande Bretagne. Les plus hardis, portés par le vent de révolution qui apportait espoir et optimisme à une jeunesse brisée et désabusée, affrontèrent directement le pouvoir mis en place. Ils furent emprisonnés, afin d'être réduits au silence, ce qui ne manqua pas d'attiser une haine déjà bien trop vive. Ils descendirent dans la rue, revendiquant leur liberté de pensée. De plus en plus, on voyait la jeunesse désobéir, s'affranchir, autant par leur apparence que par leur mode de pensée. Il s'opérait alors une véritable libération des moeurs, l'on aspirait à autre chose qu'au travail, valeur dominante du XIXe siècle, et qu'à une société de consommation. La jeunesse Moldue ne fut pas la seule à s'inspirer des évènements de Mai68, les Sorciers eux aussi espéraient, de la sorte, à être libérés du joug de leurs oppresseurs, et dans l'ombre, eux aussi préparaient leur moment, LE moment où tout bascule.

« Cela fait des siècles que nous nous taisons, des siècles que nous survivons péniblement à l'oppression. Nous avons été repoussés, dominés ; exterminés. Nous ne sommes plus que de misérables vermines, poussés dans nos propres retranchements... Mais quand cela va-t-il enfin changer ? Je vous le demande, mes frères : voulez-vous réellement passer votre existence de cette manière, confier votre avenir aux mains de nos ennemis ? Des esclaves, voilà ce que nous sommes devenus, à cause d'eux. Des années de lutte... Et nous avons perdus. Mais dans la défaite, nous nous devons de préserver notre fierté ! Ils sont faibles, ils seront détruits. Qu'ils brandissent donc leurs armes ridicules, nous en reviendrons à ce que nos ancêtres auraient dû nous apprendre... La sorcellerie, celle-là même qui les fascine autant qu'elle les dégoûter. Ils nous envient, nous jalousent... Oh, ils ne vont pas être déçus. Nous reprendrons ce qui nous est dû, nous leur ferons goûter l'amertume de notre vengeance ! Je vous poserai une seule question : serez-vous la victime, ou le bourreau ? »-Extrait d'un discours d'un leader Sorcier incitant à la révolte.-